Figure incontournable du mouvement rasta et de l’histoire africaine, l’empereur d’Éthiopie, Haïlé Sélassié, a connu une vie riche et a transformé profondément les mentalités dans son empire. Il fut également une figure majeure du mouvement rasta. Mais sais-tu comment le Négus est mort ? T’aimerais en savoir plus sur ces tragiques circonstances ?
Tu as fait le bon choix en venant par ici. Admirateur du mouvement rasta et donc du Négus, je me suis posé ces questions et te donne à présent le résultat de mes recherches. Tu pourras ainsi mieux comprendre comment un empereur, devenu un demi-dieu pour les rastas, est mort dans la plus grande discrétion.
L’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié est officiellement mort le 27 août 1974 des suites d’une opération de la prostate. Cette explication reste néanmoins suspecte aux yeux de nombreuses personnes et des rastas. Différentes thèses ont vu le jour dont celle d’un assassinat organisé par le gouvernement militaire.
En consultant cet article, tu vas en apprendre plus sur :
- La chute de l’empereur mythique : une première mort ;
- Les circonstances officielles de sa mort ;
- Les questions qui se posent.
Prêt à en apprendre plus sur la mort d’Haïlé Sélassié ? C’est parti !
1- Un pays sous tension
Nous sommes le 12 septembre 1974. L’ambiance dans la capitale paraît calme. Contrairement aux jours précédents. La révolte gronde en effet au quotidien. L’Éthiopie connaît depuis quelques mois une famine terrible qui affaiblit le territoire. Mais le gouvernement garde le silence sur cet épisode catastrophique. Le mécontentement s’installe. Les étudiants et les universitaires organisent des manifestations régulièrement. Mais cette colère gagne rapidement toute la société. Une première mutinerie militaire a lieu en février. Un mois plus tard, le Négus annonce des réformes pour remettre son pays sur les rails. Il a déjà fait de nombreux changements bénéfiques. Mais l’empereur chéri n’a plus la cote et personne n’y croit. Le peuple le considère comme un souverain trop éloigné de lui. Il pense que le gouvernement est corrompu. Sélassié vit dans le luxe et instaure un état féodal de plus en plus difficilement supportable.
L’Église manifeste. L’armée se rebelle. En avril, l’armée demande à l’empereur de décréter l’état d’urgence. Mais elle n’attend pas longtemps et va alors prendre le pouvoir. Mais elle conserve les apparences et la situation reste ainsi jusqu’en septembre.
En ce jour, en y regardant de plus près la situation est trop calme. La capitale est endormie. Seule une certaine agitation se fait voir au palais impérial. De nombreux blindés sont garés devant le bâtiment
Les militaires vont alors prendre la main et le 12 septembre, vont déposer officiellement le Négus.
Si tu souhaites en savoir plus sur la révolte éthiopienne de 1974, tu peux consulter l’ouvrage d’Alain Gascon, Sur les hautes terres comme au ciel, plus particulièrement le chapitre 5.
a) La fin du règne de Hailé Selassie
L’empereur va alors être mis à isolement et assigné dans son palais et destitué. En prenant le pouvoir, l’armée promet au peuple des réformes rapides. Haïlé Sélassié, du fond de sa prison dorée peut constater qu’il n’en est rien.
On ne connaît que peu de détails sur cette période. On sait qu’un seul serviteur était à ses côtés. Les militaires et le successeur du Négus dissimulent les informations. On sait juste que l’homme de 82 ans est affaibli, dires émis par les sources officielles. Mais qu’en est-il réellement ? Nul ne le sait.
On apprend officiellement que l’empereur meurt le 27 août 1975. Il aurait succombé à des complications suite à une opération de la prostate. Mais cette version n’est pas acceptée par tous.
2- Retour sur une mort mystérieuse
Un article du New York Times paraît en juin 1975 et indique que le négus se repose « à résidence » pour récupérer d’une opération qui s’est bien passée. Sélassié souffrait d’une obstruction urinaire qui avait provoqué un grossissement de sa prostate au cours du mois de mai.
C’est cette opération qui va être officiellement la cause de la mort de l’empereur plus de trois mois plus tard.
a) Une mort de cause naturelle ?
Le corps de Sélassié est retrouvé selon les sources officielles au matin du 27 août 1975, à 10 heures dans sa chambre. Il serait décédé dans la nuit du 26 au 27 dans son lit. La cause de sa mort serait une « défaillance circulatoire ». C’est en tout cas, la cause donnée par l’agence officielle de presse éthiopienne le 28 août.
Cela aurait pu s’arrêter là. Mais naturellement lorsqu’un chef d’État (ou ex-chef) meurt, des questions se posent. D’autant plus ici.
Le médecin du Négus, Asrat Woldeyes, n’a en effet pas pu voir l’homme. Il a été convoqué par le gouvernement militaire en même temps que deux autres médecins. Le DERG (le directoire militaire) lui a donné l’information puis lui a demandé de partir. Voilà ce qu’il a dit alors sur le sujet :
Jusqu’en 1999, année de sa mort, le médecin ne croyait pas à cette mort naturelle. Son témoignage lors du procès de la Terreur rouge mentionne :
« Malgré une opération de la prostate subie quelques mois avant son décès, Sa Majesté (âgée de 83 ans) était en excellente santé ».
b) Des doutes fondés sur cette mort si naturelle ?
Le médecin insiste lourdement sur le fait que l’empereur ne présentait pas de problème de santé. Son opération s’était très bien déroulée et Haïlé Sélassié avait retrouvé une excellente santé.
Que s’est-il alors passé ?
Le régime communiste en place n’ajoute rien de plus sur la mort du Négus. Mais des bruits de couloir circulent de plus en plus : Sélassié a été étranglé. Il s’agirait alors d’une exécution pure et simple. Le régime du DERG qui fut en place entre 1974 et 1987 déclare à qui veut l’entendre que le chef suprême est mort comme un simple homme et non comme un demi-dieu.
Peu de temps après la mort de l’empereur des voix s’élèvent, comme le responsable des relations publiques de la Fondation pour le mémorial Hailé Sélassié, Dedjazmatch qui désigne le DERG comme unique coupable.
c) Des nouvelles données au compte-gouttes
Plusieurs ne se contentent pas de la cause officielle et vont chercher les « causes réelles » de la disparition de l’empereur éthiopien. Ainsi, plus de 25 ans après sa mort, le journaliste norvégien Einar Lunde va publier dans son livre Paradise Road une information très intéressante. Il cite un ancien officier du DERG, Negash Tesfatsion, qui lui a indiqué qu’un vote avait eu lieu peu de temps avant la mort de H. Sélassié, pour savoir si l’empereur devait être tué ou non. Le Oui, l’a selon lui, remporté.
Il ajoute que l’empereur aurait été endormi avec de l’éther déposé sur un oreiller avant de quitter le monde étouffé par les militaires. Le corps aurait alors été dissimulé, selon d’autres témoignages de gardiens du palais, dans une fosse creusée dans le palais impérial. Plus précisément dans une fosse de 3 mètres de profondeur creusée dans une partie du palais : le Guebi. La tombe improvisée a été recouverte par une dalle en béton quelques jours plus tard. C’est sur cette dalle que le bureau de Mengistu Gemetchu a été installé.
3- La découverte du corps du Négus change-t-elle la donne ?
Ce n’est qu’en 1992 (lors de la chute du régime communiste de Mengistu) que le corps de l’empereur d’Éthiopie a été découvert, justement sous le bureau désigné par les gardiens du palais.
Huit ans plus tard, des funérailles ont lieu. Son corps sera alors inhumé dans la crypte de la cathédrale de la Trinité d’Addis-Abeba, juste à côté de la dépouille de Ménélik II. Mais la ferveur de son peuple envers son empereur n’est plus. Peu d’Ethiopiens y assistent. On pourra toutefois voir de nombreux rastas qui ont fait le voyage pour accompagner leur divinité dans sa dernière demeure.
a) Et c’est tout ? Rien d’autre sur la mort du descendant de la reine de Saba et du roi Salomon ?
On aurait pu penser que la découverte du corps permettrait de découvrir les causes réelles de la mort de H. Sélassié. Mais il n’en fut rien. Aucune enquête n’a été ouverte. On n’en saura donc pas plus sur la mort de l’empereur éthiopien.
On sait qu’aucune autopsie n’a eu lieu, ni au moment de sa mort, ni plus tard. Le corps a disparu une fois le décès constaté.
Nous pouvons reprendre les propos d’un expert juriste éthiopien qui nous indique que l’empereur :
« Il peut avoir été tué, il peut ne peut avoir été tué mais certainement, au niveau légal, cela n’a pas encore été prouvé et il est plus prudent de dire qu’il est mort dans des circonstances mystérieuses car, en un sens, c’est un mystère qu’ils [les hommes du DERG] n’aient pas pu trouver un médecin ».
On peut aussi se poser la question.
4- Une mort mystérieuse digne du personnage
Tu as pu le constater, la cause de la mort du Négus reste trouble. Officiellement d’une complication suite à une opération de la prostate. Officieusement à un meurtre par étouffement.
Tu as pu lire les témoignages de principaux acteurs et constater les lacunes qui se présentent. À toi maintenant de te faire ton propre opinion. Tu en sais autant sur les mystères de la mort du célèbre Négus que les principaux experts. Et tu pourras répondre à tous ceux qui te posent des questions sur cet événement majeur pour les rastas.
Car même si son peuple l’a oublié, il n’en reste pas moins un héros pour les rastas du monde entier. Il suffit de voir les symboles qui renvoient à l’empereur utilisés par les rastas du monde entier : le lion de Judah ou l’étoile de David qui renvoie au drapeau éthiopien.
Toi aussi affiche fièrement ce symbole fort du rastafarisme pour rendre un dernier hommage à l’empereur d’Éthiopie.