Peut-On Être Un Rasta Blanc ?
Tu te sens concerné par la culture rasta et t’aimerais savoir si tout le monde peut l’être ? Tu as entendu parler de discrimination envers les rastaman qui ne sont pas noirs de peau ? Tu voudrais savoir s’il est possible d’être un rasta blanc ?
Tu es parfaitement en ton droit, il n’y a pas de question bête. Tu n’es pas le seul à avoir ces interrogations. Je suis Dembe, rédacteur chez Rasta Colibri depuis les débuts et passionné par la culture rastafari. Au cours de mes nombreux voyages et rencontres avec de réels pratiquants de la croyance rasta, j’ai eu l’occasion à mainte reprise de me poser ces mêmes questions. C’est donc en essayant d’être le plus objectif possible que j’ai rédigé cet article afin de t’apporter des réponses.
Oui, un rasta blanc peut embrasser la culture rastafari en respectant et en comprenant profondément ses principes et racines africaines. L’authenticité et l’engagement envers cette philosophie transcendent la couleur de peau, affirmant l’universalité du mouvement rastafari.
Tout au long de cet article, tu découvriras :
- Les bases du rastafarisme
- D’où viennent et depuis quand, les premiers rastas blancs
- Les épreuves qu’ils affrontent
- Qu’en disent les principes rastafariens ?
Prêt à te lancer dans ce sujet qui fait tant débat ? C’est parti !
I. Les rastas et leur croyance
Une partie des rastas croit en Jah, soit le Dieu des rastafaris. Ces fidèles pensent qu’Hailé Sélassié 1er est une incarnation divine. Son rôle dans la résistance contre l’occupation italienne d’Éthiopie lui a conféré un pouvoir spirituel sans équivalence.
D’ailleurs, les rastafaris considèrent le continent africain comme Zion, soit la terre promise qui symbolise l’harmonie, la liberté, l’unicité et les valeurs nobles. Par opposition à Babylone qui reflète l’Occident cupide, avide et pervers.
II. Un rasta blanc est-ce que ça existe ?
Au regard des origines du rastafarisme, de leur croyance et leur philosophie, il est évident de croire que ce mouvement est à l’origine réservé aux noirs qu’ils soient Américains, Caribéens ou Africains. Mais au fil des années les mentalités ont bien évoluées, notamment avec la propagation à l’international du message rasta, grâce entre autre à des artistes comme Bob Marley. C’est donc très naturellement que les premiers rastas blancs ont fait leur apparition, partageant profondément les valeurs de liberté et d’unité que prône le mouvement rastafari.
a) L’apparition des rastas blancs
Grâce à la musique reggae, qui est devenue populaire dans les années 60 et 70, le monde s’est familiarisé avec ce genre musical, ses icônes à l’instar de Bob Marley, mais aussi la culture Jamaïcaine. À ce propos les idées et croyances du pays se sont exportées à la jeunesse de l’époque, notamment en ce qui concerne le rastafarisme.
De nombreux jeunes aux États-Unis, en Europe et en Asie ont rejoint le mouvement rasta et ont adopté ce mode de vie. La jeunesse européenne en général et britannique en particulier, a été grandement influencée surtout après le concert de Bob Marley en Angleterre. Les pays d’Europe ont vu apparaître des têtes de blancs coiffées de tresses rasta et de dreadlocks.
b) Le Rastafari blanc incompris, parfois méprisé
La période glorieuse du rastafarisme était dans les années 70, avec l’engouement des Européens pour cette philosophie. Plusieurs adoptent avec passion tous les codes et symboles rastafari nécessaires afin de devenir rasta. Ces derniers sont généralement issus des classes moyennes et sont subjugués par le reggae et la culture rasta. Ce sont des jeunes passionnés qui portent une coiffure douteuse, selon la perception de la société.
Il arrive souvent qu’ils soient sujets à des spéculations voire à de l’animosité de la part de leur entourage. Ils ont du mal à se faire accepter pour la simple raison que leur code esthétique est différent et qu’ils croient en Jah. Le rejet peut débuter à la maison, avec les parents qui ne comprennent pas cette croyance ou cette philosophie rasta et il s’étend à l’école, puis au travail.
Être un rasta blanc s’avère ne pas être si facile qu’il y parait. Piètre copie pour certains, marginaux pour d’autres ou encore complexe identitaire, il y va bon train de critiquer ces personnes souhaitant simplement vivre leur vie comme ils l’entendent, en paix.
Malgré le recul constaté du nombre de rastas blancs par rapport aux années 70, il existe toujours des adeptes qui défendent leur style de vie et leur foi, en appréciant la musique reggae et en restant en contact avec d’autres rastas.
c) Question de foi rasta, de valeurs et de mode de vie
Les rastas blancs, au même titre que les rastafaris noirs, croient en Jah et perçoivent Hailé Sélassié comme le roi des rois. Ils écoutent les tubes reggae les plus roots et utilisent le langage commun à leurs homologues de par le monde. Il ne faut pas être surpris d’entendre certains adopter un accent jamaïcain en parlant français ou anglais. À cela s’ajoute bien entendu l’application de tous les codes et rituels qui leur sont chers. Autant de points qui définissent leur identité et leur appartenance au mouvement rasta.
d) La marginalisation des rastaman blancs
Malgré tout, beaucoup de ces rastaman se sentent marginalisés. Ils vivent une existence paradoxale où chacun aspire à être reconnu et accepté dans son environnement et pourtant, ils doivent lutter pour revendiquer leur droit d’exister librement. Il faut dire qu’ils subissent une forte pression sociale, encore plus lorsqu’ils sont en groupe. Leur présence peut gêner et ils sont rapidement considérés comme des marginaux.
Ce qui accentue leur isolement est que la musique « new-school » jamaïcaine n’inspire plus la paix comme jadis. D’ailleurs plusieurs morceaux utilisent des paroles violentes illustrant le racisme anti- blanc et même de l’homophobie. On est loin du reggae roots qui est devenu une légende dépassée et folklorique pour certains. Bien heureusement, cela concerne une minorité. Mais c’est déjà de trop.
Même les dreadlocks ne sont plus aussi présentes qu’auparavant. De nos jours, il est possible de s’acheter un bonnet avec de fausses dreads cousues, pour avoir l’air d’un pseudo rasta. Choses qui ternissent l’image de ce mouvement et de sa philosophie.
III. Une crise culturelle ou sociale ?
Que de fois les rastafariens blancs ont été l’objet de moqueries et de méchancetés gratuites. Critiqués pour leur coiffure, leur look, leurs vêtements rasta et leurs accessoires. Certains vont jusqu’à prendre des photos pour la commenter méchamment sur les réseaux sociaux. Le rasta blanc devient la cible à démonter sans trop penser à mal. Sur X (anciennement Twitter) et autres réseaux sociaux, ce comportement est devenu à la mode, en lançant des critiques et en crachant du venin.
Personne n’échappe à ce traitement y compris Zach Poitra. Cet humoriste canadien s’est fait virer de la programmation d’une salle à cause de ses dreads. Cette coiffure, qui est un symbole rasta, était un privilège dans les années 70 et même 80. À cette époque, le port d’une telle coiffure par des blancs était signe de multiculturalisme progressiste. Mais de nos jours on refuse au rasta blanc son droit de liberté capillaire et culturelle.
Il est primordial de rappeler que la culture, la philosophie ou la croyance rastafari est basée sur des valeurs comme la liberté et l’unicité. Tout le monde est libre d’adopter un style ou un look et de faire partie d’une communauté unie et solidaire. C’est l’esprit des rastafaris qui croient à Zion la terre promise, et toutes les autres valeurs nobles telle que la solidarité le partage et le droit à la différence. Celles-ci sont dénigrées encore une fois par la société occidentale.
Amis rastas, comme le disait si bien la légende du Reggae :
Tant que la couleur de la peau sera plus importante que celle des yeux, nous ne connaîtrons pas la paix
Bob Marley
IV. L'Héritage Culturel et le Rasta Blanc
Les origines du mouvement rasta sont profondément ancrées dans la culture et l’histoire africaine, mais qu’en est-il lorsque cette philosophie traverse les océans et les continents ? Peut-on, en tant que blanc, embrasser pleinement cet héritage sans commettre de faux pas culturel ?
a) Comprendre et Respecter l'Héritage
Il est crucial de comprendre que le mouvement rastafari est bien plus qu’une simple tendance ou un style de vie. C’est un héritage culturel riche, avec ses propres croyances, valeurs et traditions. Pour un rasta blanc, il s’agit donc de plonger dans cet univers avec respect et humilité, en prenant le temps d’apprendre et de comprendre d’où vient cette culture, et ce qu’elle représente réellement.
b) Le Rasta Blanc face aux Critiques
Être un rastafari blanc, c’est aussi être prêt à faire face à des critiques, parfois virulentes, de la part de ceux qui estiment que cette culture n’est pas “la leur” à adopter. Il est essentiel d’aborder ces critiques avec ouverture et dialogue, en montrant que l’intérêt pour le mouvement rastafari est sincère et basé sur une réelle connexion avec ses valeurs.
c) Partager Sans Approprier
L’un des plus grands défis pour un rasta blanc est de trouver le juste équilibre entre partager et célébrer la culture rastafari, sans tomber dans l’appropriation culturelle. Cela implique de donner la parole aux membres de la communauté rasta d’origine, de mettre en avant leur art et leur savoir-faire, et de participer activement à la préservation et à la promotion de leur héritage.
V. Le Rasta Blanc et la Spiritualité
Le mouvement rastafari est fortement imprégné de spiritualité, et adopter cette voie implique une connexion profonde et personnelle avec les principes rastafari. Comment un rasta blanc peut-il vivre cette spiritualité de manière authentique ?
a) La Quête Spirituelle Personnelle
Chaque individu est sur sa propre quête spirituelle, et cela est vrai aussi pour les rastas blancs. Il est important de prendre le temps de se connecter avec soi-même, de méditer et de prier, et de trouver sa propre voie vers la spiritualité rastafari.
b) Comprendre les Rites et les Cérémonies
Les rites et les cérémonies jouent un rôle crucial dans la pratique spirituelle rastafari. Pour un rasta blanc, il s’agit de s’immerger dans ces pratiques avec respect et dévotion, en cherchant à comprendre leur signification profonde et leur importance dans le cheminement spirituel rastafari.
c) La Musique comme Voie Spirituelle
La musique, et en particulier le reggae, est un élément central de la spiritualité rastafari. Pour un rasta blanc, s’immerger dans cette musique, comprendre ses paroles et ses rythmes, c’est aussi s’ouvrir à une dimension spirituelle puissante et transformative.
VI. Vers une Compréhension Plus Nuancée du Rasta Blanc
Il est temps de prendre un moment pour réfléchir à tout ce que nous avons exploré ensemble dans cet article. Nous avons parcouru un chemin dense et riche en informations, en contexte culturel et en perspectives variées sur la question du rasta blanc.
Nous avons commencé par plonger dans les croyances et les valeurs fondamentales du mouvement rastafari, afin de poser les bases nécessaires à notre compréhension. Puis, nous nous sommes interrogés sur l’existence même du rasta blanc, en examinant les différentes facettes et les enjeux qui y sont liés. Les crises culturelles et sociales ont été mises en lumière, nous permettant de saisir les tensions et les défis auxquels sont confrontés ceux qui embrassent cette voie. Enfin, nous avons ouvert nos horizons sur l’héritage culturel et la spiritualité, deux piliers essentiels pour quiconque souhaite s’identifier comme rasta, quelle que soit sa couleur de peau.
À présent, tu possèdes une compréhension approfondie et nuancée du sujet. Tu as acquis des connaissances qui te permettent de te positionner de manière éclairée dans ce débat complexe et parfois controversé. Tu es capable de discerner les nuances entre appropriation culturelle et célébration sincère d’une philosophie de vie. Plus qu’un simple lecteur, tu es devenu un véritable explorateur des enjeux culturels et spirituels qui entourent le mouvement rastafari. Tu es équipé pour engager des dialogues constructifs et pour partager ces connaissances acquises, renforçant ainsi ta position de personne informée et respectueuse des diverses cultures qui composent notre monde.
Mais le voyage ne s’arrête pas là. Les questions soulevées dans cet article ne sont que le début d’une exploration plus vaste et plus profonde des cultures, des spiritualités et des identités. Je t’encourage à continuer à apprendre, à questionner et à dialoguer, en gardant toujours à l’esprit l’importance du respect, de l’humilité et de l’ouverture.
Si tu es avide de poursuivre ta quête de connaissance et de compréhension, je t’invite à explorer Rasta Colibri, où tu trouveras une mine d’articles, de ressources et de réflexions sur le mouvement rastafari et bien d’autres sujets passionnants. Ensemble, continuons à apprendre, à grandir et à échanger.